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— La meilleure chose que tu puisses faire maintenant, lui dit-il, c’est de suivre l’exemple de ton ci-devant ennemi qui, en vérité, a prouvé qu’il est digne de toi ; vas te donner un bon lavage, ça te rafraîchira en même temps que ça te donnera une meilleure mine.

Belfond se disposa avec bonne grâce à suivre ce conseil et partit en chancelant, mais en évitant la direction qu’Armand avait prise. Celui-ci était encore à ses ablutions, lorsqu’apercevant un ombrage dans les rayons du soleil, il leva la vue et vit près de lui de Montenay qui lui dit :

— Sais-tu, Armand, que tu es héroïque ?

— Brutal, veux tu dire ?

— Pas du tout : peut-être que si c’eût été ton grand frère qui eût été à ta place, j’aurais trouvé quelque chose de brutal dans cette ténacité de bull-dog avec laquelle tu étouffais ton ennemi ; mais chez un garçon de ta charpente et de ta force, c’est du courage et du pluck au suprême degré. Donne-moi ta main !

Cependant, Armand avait toujours entretenu un profond sentiment d’admiration enfantine pour le bel et jeune aristocrate qui, toujours habillé avec un soin scrupuleux et élégant, quoique souvent insolent dans ses manières, spirituel et piquant dans ses remarques, appartenait à une classe de personnes avec laquelle, lui enfant de la campagne, n’était jamais venu en contact. Il l’avait toujours regardé comme devant être, sous n’importe quelle circonstance, quelque chose d’au-dessus de son intimité. Aussi, en l’a-