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Page:Leprohon - Le manoir de Villerai, 1925.djvu/160

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LE MANOIR DE VILLERAI

l’autre côté de la rivière pour prendre et détruire ces ouvrages, mais ils ne purent rien faire et furent forcés de retraiter dans la plus grande confusion. La même nuit les batteries de la Pointe-Lévi ouvrirent le feu sur Québec, et en peu de temps toute la basse ville ne fut plus qu’un monceau de ruines. Parmi les beaux édifices qui furent détruits, étaient la cathédrale avec ses ornements et ses peintures. Les canons des remparts étaient parfaitement inutiles, car à cause de la largeur de la rivière, qui a plus d’un mille, ils ne pouvaient atteindre les batteries anglaises, doublement protégées par les arbres et les broussailles au milieu desquels elles se trouvaient placées.

Ayant détruit la ville, le général Wolfe se mit à dévaster les campagnes environnantes. Toutes les paroisses depuis Montmorency jusqu’au cap Tourmente, sur la rive gauche du St-Laurent, furent ravagées et détruites. Celles de la Malbaie, de St-Paul et l’île d’Orléans, et aussi toutes celles situées sur la rive droite, depuis Berthier jusqu’à la Rivière-du-Loup, en bas de Québec, comprenant les paroisses de la Pointe-Lévi, St-Nicolas et Ste-Croix, partagèrent le même sort. D’après un journal de l’expédition, publié dans le New-York Mercury en 1759, près de 1400 belles fermes furent brûlées ou détruites à cette époque, de sorte que pour citer les paroles de l’écrivain, « l’on estimait qu’il faudrait plus d’un demi-siècle pour réparer tous ces dommages. »

Dans le mois de juillet, Wolfe fit un effort désespéré pour rompre les lignes françaises près de Montmorency ; mais il fut repoussé avec une perte de 500 hommes, parmi lesquels il y avait plusieurs braves officiers. Il essaya alors de communiquer avec le général Amherst par le lac Champlain, mais sans succès. Ces revers affectèrent tellement le jeune officier, qu’ils lui causèrent une sérieuse maladie qui le conduisit presque aux portes du tombeau. Heureusement, toutefois, pour l’honneur de la cause anglaise, il revint à la santé et aussitôt qu’il fut capable de vaquer à ses devoirs, il envoya une longue dépêche au gouvernement impérial, décrivant les nombreuses difficultés et les obstacles inattendus qu’il avait rencontrés, et le découragement qu’il ressentait de l’inutilité de ses efforts. Cette lettre, dont chaque ligne respirait la vaillance du cœur et le dévouement de