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Page:Leprohon - Le manoir de Villerai, 1925.djvu/162

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LE MANOIR DE VILLERAI

des bateaux plats et se laissa descendre en silence par la marée jusqu’au Foulon. Des officiers connaissant la langue française, avaient été choisis pour répondre aux qui vive ! des gardes à terre ; et quand ils furent interrogés par celles-ci, ils répondirent imperturbablement :

— Pas de bruit, c’est le convoi.

Favorisés par l’obscurité, ils purent passer et l’amiral Holmes les suivit à un quart de mille de distance avec le reste des troupes. Au jour, l’armée anglaise était rangée en bataille sur les plaines d’Abraham.

Quand le général de Montcalm, à six heures du matin, apprit cette nouvelle inattendue, il refusa presque d’y croire ; mais il se rendit immédiatement sur les lieux avec 4,500 hommes, laissant le reste de son armée au camp. En arrivant en face de l’ennemi, il résolut aussitôt de hasarder la bataille, et à 9 heures, le 13 septembre, il s’avança à la rencontre des Anglais, ses soldats faisant un feu nourri mais irrégulier.

Le général Wolfe, qui s’exposait toujours bravement là où la mêlée était la plus épaisse, fut bientôt blessé au poignet, mais il n’en continua pas moins de charger l’ennemi à la tête de ses grenadiers, qui avaient la baïonnette au bout du fusil. Il ne s’était avancé que quelques pas, quand une balle lui traversa la poitrine, et il tomba justement au moment où les Français, dont une partie n’avaient pas de baïonnettes, commençaient à plier devant l’ennemi.

Wolfe fut porté en arrière et l’un de ses officiers apercevant les ennemis qui fuyaient, s’écria :

— Ils fuient ! ils fuient !

— Qui fuit ? demanda le guerrier mourant, dont la figure abattue par la souffrance se couvrit d’une animation subite.

— Les Français, répondit-on.

— Quoi ? déjà ! alors je meurs content ! et, un instant après, le jeune héros rendit le dernier soupir.

Le général Montcalm, qui avait reçu deux graves blessures, fit tout en son pouvoir pour rallier ses troupes qui fuyaient de tous côtés, afin de les faire retraiter en bon ordre, quand une balle le frappa et il tomba de son cheval mortellement blessé.

Le lendemain matin, il mourut au château St-Louis à