XXV
Maintenant notre récit tire rapidement à sa fin ; mais avant de l’achever, nous devons jeter un dernier coup d’œil sur la maison de la veuve Lauzon, comme on l’appelait communément à Villerai.
Il était environ cinq heures de l’après-midi. Le soleil couchant de septembre inondait la terre de ses rayons dorés ; mais c’est en vain qu’ils traversaient les fenêtres de la pauvre demeure, ils n’y portaient ni joie, ni bonheur, mais laissaient le cœur de ses habitants plongé dans la plus profonde tristesse.
Quels changements s’étaient opérés depuis la dernière fois que nous avons conduit le lecteur sous ce toit ! L’exquise propreté, l’apparence de joyeuse aisance qui l’avait autrefois marqué, ont depuis longtemps été remplacés par un extérieur de misérable pauvreté. Ce n’est pas que la veuve Lauzon manquât de propreté ou d’ordre ; non, ces deux qualités comptaient parmi celles qu’elle possédait ; mais comment remplacer les carreaux brisés par accident, ou trouver les moyens d’entretenir sa maison délabrée et tombant en ruine, quand elle pouvait à peine se procurer les choses indispensables à la vie ?
Nous avons déjà dit qu’il était à peu près cinq heures de l’après-midi. Les quatre petits Lauzon, couverts de haillons, ressemblant à des mosaïques par le nombre et la variété des pièces dont leurs vêtements étaient parsemés, étaient assis autour d’une table et portaient sur leurs joues creuses et sur leur figure affamée la preuve de la pénurie et de la misère qui régnait autour d’eux. Cependant il y avait bien peu sur la table pour satisfaire leur faim. Quatre morceaux de pain noir et sec et un pot d’étain rempli d’eau, c’était tout ce qu’on y voyait.
On pouvait voir assise sur le pas de la porte, vêtue aussi pauvrement que ses enfants, la veuve Lauzon elle-même, la figure sillonnée par le chagrin, la peine et les privations. Ses cheveux, tenus autrefois si unis et si luisants, étaient maintenant mêlés et en désordre, et commençaient à gri-