I
mi lecteur, la scène de cette histoire essentiellement
canadienne, se trouve principalement
placée sur les bords de cette belle rivière, si
remarquable par le calme enchanteur de ses
eaux et la fertilité des campagnes qui l’entourent,
fertilité qui leur valut autrefois le nom de grenier
du Canada, la rivière Richelieu ou Chambly. L’abondance
et la richesse des moissons qui autrefois justifiaient ce titre,
n’existent plus ; mais ses eaux sont encore aussi limpides,
la verdure des arbres et des prairies qui bordent ses rives est
aussi brillante qu’anciennement. Cependant, l’époque où
commence notre récit n’est pas précisément la plus favorable
pour montrer dans sa plus grande splendeur la belle
nature dont nous venons de parler ; car c’est pendant une
sombre après-midi d’hiver, vers la fin du mois de décembre
1756, que nous allons présenter notre héroïne au lecteur.
C’était une des premières tempêtes de neige de la saison, et le changement magique qui s’était opéré pendant les quelques heures que la neige était tombée si mollement, si légèrement et cependant si abondamment, était réellement merveilleux. Un tapis d’une éblouissante blancheur