voulant pas demeurer dans le voisinage de l’armée victorieuse, rembarqua ses troupes et retourna à son camp sur le lac George. M. de Bourlamaque fut blessé grièvement. La conduite de Montcalm lui attira beaucoup de louanges. La disposition qu’il avait prise et les retranchements qu’il avait élevés, avaient prouvé ses talents et son jugement, et lui avaient mérité l’approbation de son souverain et les remerciements de son pays.
Mais qu’était devenu Gustave de Montarville, dont nous avons à peine prononcé le nom en racontant tous ces événements ? S’il avait occupé une position importante, il n’y a pas le moindre doute que l’histoire nous aurait transmis son nom, afin d’en conserver le souvenir ; mais, par malheur, quoiqu’on ne vît jamais un cœur plus brave et plus dévoué battre dans la poitrine d’un soldat, il n’était qu’un simple lieutenant, et tous ses actes de courage sont destinés à rester dans une obscurité relative. Et encore paya-t-il chèrement sa part aux glorieux événements de cette journée ; car quand les troupes d’Abercromby revinrent pour tenter une dernière attaque contre les lignes françaises, le feu terrible qu’ils firent fut cruellement ressenti par leurs adversaires, et Gustave de Montarville se trouva parmi ceux qui tombèrent blessés. Une balle partie du mousquet d’un soldat anglais traversa son bras, se logea dans son épaule, et soit à cause de la douleur ou de la perte de sang, au bout de quelques instants, il chancela et tomba par terre. Quelques hommes de sa compagnie le relevèrent aussitôt et l’éloignèrent du lieu du combat.
Sur la route, ils rencontrèrent le chevalier de Lévis ; ses yeux tombèrent sur la figure pâle du jeune lieutenant, et une expression de peine profonde passa sur ses traits.
— Il n’est pas mort ? demanda-t-il à la hâte.
— Non, monsieur, répondit respectueusement l’un des hommes, il n’est qu’évanoui.
— Tant mieux ! Il en reviendra, et alors, ajouta-t-il en s’éloignant rapidement, j’aurai soin qu’on se souvienne de lui comme il le mérite.
Le lendemain, quand on fut certain de la retraite définitive du général Abercromby, la plus grande joie régna dans le camp français ; mais Gustave, en proie à la souffrance et