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LE MANOIR DE VILLERAI

entièrement défavorable, et sa promotion au grade de capitaine, qu’il apprit quelque temps après, servit à compenser un peu les longs jours de souffrance et d’ennui qu’il avait éprouvés.

Les limites de notre récit ne nous permettent pas de suivre en détail les succès ou les défaites des armes françaises, mais nous pouvons mentionner brièvement quelques-unes des vicissitudes qu’éprouva la colonie.

L’un des résultats les plus importants que l’on espérait obtenir de la dernière victoire, était l’influence qu’elle aurait probablement sur la puissante confédération sauvage appelée les cinq nations, pour obtenir sa neutralité, si non même son appui. Le chevalier de Longueuil fut donc chargé de remplir sans délai cette mission importante. On leur avait d’abord envoyé une quantité de présents, pour assurer une réception favorable à ses propositions. Ses démarches furent couronnées d’assez de succès, car les indiens dans leur réponse l’assurèrent de leur attachement et de leurs sentiments amicaux.

Peu de temps après la dernière victoire, les Anglais, sous le colonel Bradstreet, s’emparèrent du fort Frontenac. Après l’avoir détruit ainsi que beaucoup d’autres bâtisses environnantes, ils traversèrent de nouveau le St-Laurent et s’en retournèrent à Albany. De Montcalm toutefois envoya un détachement, avec le commandant du génie Ponlevoy, pour rebâtir le fort ; et en même temps un autre parti, sous la direction du capitaine de Montigny, fut dirigé sur Niagara pour en renforcer la garnison et prêter secours à M. de Lignières au fort Duquesne, s’il en avait besoin.

Après la soumission du fort Frontenac arriva bientôt celle du fort Duquesne, dont le nom fut changé en celui de Pitt ou Pittsburg par le vainqueur, le général Forbes, qui, après y avoir établi une puissante garnison, retourna à Philadelphie.

La misère et la disette qui régnaient alors dans la colonie, devinrent finalement si grandes[1], que l’intendant donna

  1. Voici ce que Bibaud dit de cette disette dans son Histoire du Canada, vol. I : « Le marquis de Vaudreuil adressa aux capitaines de milice une circulaire où il leur indiquait la conduite qu’ils devaient tenir, et ordonna que toute la population mâle, depuis l’âge de seize