Page:Lermina - L’A.B.C. du libertaire.djvu/6

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possibilité du bonheur ! A quel titre se permet-il de réprouver la lutte féroce des hommes les uns contre les autres ? Le bien est une utopie, il n’est de réalité que le mal et le devoir de tout être raisonnable est d’aggraver le mal en livrant tous les biens terrestres à la concurrence, à la bataille, et en appelant à son aide la brutalité de la mort.

Non seulement celui qui veut l’humanité heureuse est taxé de folie, mais bien vite on le qualifie de criminel, d’être essentiellement dangereux, on le poursuit, on le traque et, si l’on peut, on le tue.

Donc, mon jeune Camarade, commence par t’interroger, demande-toi si tu te sens prêt à subir toutes les avanies, toutes les persécutions, sans te décourager et sans reculer.

Sache bien que pour vouloir le bonheur d’autrui, tu seras traité en ennemi, en paria, tu seras mis au ban de toutes les civilisations, tu seras chassé de frontière en frontière jusqu’au moment où des exaspérés t’abattront comme bête puante.

Si au contraire tu suis les errements ordinaires, si, t’emparant de toutes les armes matérielles et immorales que la civilisation a forgées, tu te jettes résolument dans la vie dite normale, si tu essaies d’écraser les autres pour te faire un piédestal de leurs corps, si tu parviens à ruiner, à affamer le plus d’êtres humains possibles pour te constituer de leurs dépouilles une fortune opulente, si tu prends pour objectif glorieux la guerre des hommes contre les hommes, si tu rêves victoire, gloire et domination, si tu rejettes tout scrupule, tout enseignement de conscience, si tu pars de ce prin-