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AU GRENIER

à torrents pendant la nuit, les deux robes étaient singulièrement abîmées quand il les lui rapporta. Elle était si étourdie, cette Geneviève.

Le temps s’était mis à la pluie ; M. Maranday, prétextant un accès de rhumatisme, vivait enfermé dans ses appartements avec un personnage énigmatique, aux grands favoris jaunes et à l’accent étranger, probablement son secrétaire, que les enfants n’apercevaient que de loin en loin, car il prenait ses repas dans le corps du logis dont l’entrée leur était interdite.

Les recherches littéraires proposées par Geneviève eurent le don de distraire les cousines pendant ces journées de pluie. Quand arriva le moment de procéder au scrutin secret, chacune avait cru mettre la main sur un sujet plein d’intérêt, mais, déguisant son écriture, elle avait transcrit son projet sur un papier soigneusement renfermé dans une enveloppe cachetée.

Geneviève fit le tour de la chambre, un coffret à la main, et recueillit les élucubrations de ses compagnes, auxquelles elle joignit la sienne. Ces préparatifs extraordinaires ajoutaient un certain charme à la cérémonie. Les petits cœurs battaient d’émotion. Toutes s’efforçaient de se composer une physionomie impassible. On eût dit une distribution de prix.

Le grand juge, Geneviève, déplia le premier papier, et lut :

La Belle et la Bête.

Oh ! oh ! dit-elle en riant, pour la Belle, tout le monde s’offrira, mais pour la Bête, qui fera son rôle ?… Passons à un autre :

Marie Stuart.

— Ce serait très joli d’avoir une Marie Stuart avec une grande collerette et un bonnet de velours, dit Valentine.