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L’ONCLE BARBE-BLEUE

— Nous ne voulons pas désobéir, nous, déclarèrent ses compagnes.

— Et vous échapper d’ici, c’est obéir, alors ? riposta Geneviève exaspérée. Vous n’avez en vue que votre intérêt personnel, comme dit papa, et mon papa qui est très bon, serait plus fâché de m’entendre parler comme vous, que de me voir faire mille sottises.

— Aussi tu ne t’en prives pas d’en faire, des sottises, murmura Élisabeth.

— Laissez-la donc tranquille, elle et sa Valentine, s’écria Marie-Antoinette, et venez arranger nos affaires pour nous en aller.

Charlotte voulut insister auprès de Geneviève :

— Viens donc avec nous…

— Je ne partirai d’ici qu’avec Valentine, déclara péremptoirement Geneviève.

— À ton aise, ma chère.

— Je saurai bien la délivrer… conclut Geneviève en voyant ses compagnes s’éloigner.

Délivrer Valentine, c’était facile à dire, mais moins facile à faire. Elle devait être sous clef. Il est vrai que Geneviève pouvait pénétrer dans la chambre qui lui servait de prison en prenant le chemin du grenier, mais d’une part le « diable » ne serait-il pas là pour lui barrer le passage, et de l’autre, l’Oncle, sachant qu’on pouvait entrer par là, n’aurait-il pas fermé la porte du grenier ? Non décidément, mieux valait imaginer autre chose.

Et voilà notre Geneviève dans le jardin, le nez en l’air, tournant autour de l’aile sud.

Justement, la tête rousse de Valentine se montra un instant