Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/110

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vous remercie de ne pas m’avoir oublié !… ajouta-t-il en lui pressant la main.

Le vieillard fronça le sourcil !… il était bien triste et bien affecté, quoiqu’il s’efforçât de le cacher.

— Oublier ! s’écria-t-il ; non ! je n’ai rien oublié ! Mais que Dieu vous accompagne ! Je ne croyais pas que nous nous rencontrerions ainsi !…

— Mais c’est assez ! c’est assez ! dit Petchorin, en l’embrassant amicalement : Est-il possible que je ne sois plus le même ? Qu’y faire ? chacun suit son chemin ! Nous sera-t-il donné de nous rencontrer encore ? Dieu le sait !

En disant cela il s’était déjà mis en voiture et le postillon rassemblait ses rênes.

— Arrête ! arrête ! lui cria soudain Maxime, en se cramponnant à la portière de la calèche ; Grégoire, vous avez sans doute oublié que vos papiers sont restés chez moi ? je les ai conservés ; je pensais vous trouver en Géorgie et voilà que Dieu nous a fait nous retrouver ici ; que dois-je en faire ?

— Ce que vous voudrez ; dit Petchorin ; adieu !

— Ainsi vous allez en Perse ? et quand re-