Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/144

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las ! ma cassette, mon sabre à la monture d’argent et mon poignard turc, — présents précieux, tout avait disparu. Je devinai alors quels effets traînait ce maudit aveugle. J’éveillai mon cosaque assez rudement. Je le gourmandai, me fâchai, mais il n’y avait rien à faire ! N’aurais-je pas été ridicule en effet, d’aller me plaindre à l’autorité, d’avoir été volé par un enfant aveugle et d’avoir failli être noyé par une jeune fille de dix-huit ans ? Heureusement, je vis la possibilité de partir le matin même et je quittai Taman. Ce que devinrent la vieille et le pauvre aveugle, je l’ignore ; mais pour un officier en mission, quelle bizarre aventure, gaie et triste en même temps !