Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/241

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la colline, et courent ensemble à qui mieux mieux pour aller se jeter enfin dans le Podkumok. De ce côté le défilé s’élargit et se transforme en une verte clairière ; à travers elle, serpente un sentier poudreux. Il me semble toujours qu’une voiture le parcourt et qu’à la portière se penche, pour regarder, un joli petit visage rose. Bien des voitures ont déjà passé sur ce chemin, mais non pas celle que j’attends. Le grand village qui est derrière la forteresse s’est rempli de monde ; dans un restaurant placé sur le coteau à quelques pas de mon logement, je vois, quand le soir arrive, briller les lumières à travers une double rangée de peupliers. Le cliquetis sonore des verres se fait entendre jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Nulle part on ne boit autant de vin de Kaketinski ou d’eau minérale qu’ici : beaucoup mélangent les deux liquides ; je ne suis pas de ce nombre. Groutchnitski et sa bande font du bruit chaque jour à l’hôtel et c’est à peine si nous nous saluons.

Il n’est arrivé qu’hier et a déjà réussi à se brouiller avec quelques vieillards qui voulaient s’asseoir au bain avant lui : décidément les malheurs développent en lui l’humeur guerrière !