Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/253

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— Et moi non plus… Je vous ai accusé… peut-être à tort ; mais expliquez-vous, je puis tout vous pardonner.

— Vraiment, tout ?

— Tout ! seulement parlez-moi franchement et plus vite… Voyez, je me suis efforcée d’expliquer et de justifier votre conduite. Peut-être craignez-vous des obstacles de la part de ma famille ? Tout cela n’est rien. Quand ils sauront… (sa voix tremblait) je les supplierai. Ou votre propre situation… mais sachez que je puis tout sacrifier pour celui que j’aime. Oh ! répondez plus vite… Ayez pitié de moi !… Vous ne me méprisez pas, n’est-ce pas ?

Elle m’a pris la main.

Sa mère marchait devant nous avec le mari de Viéra et n’a rien vu ; mais les malades qui se promenaient ont pu nous voir et ce sont bien les plus curieux bavards du monde. Aussi me suis-je hâté de dégager ma main de cette étreinte passionnée.

— Je vous dirai toute la vérité, lui ai-je répondu ; je ne me justifierai point et ne vous expliquerai point mes démarches ; je ne vous aime pas !… »