Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/29

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— J’étais alors avec ma compagnie dans la forteresse qui est sur le Terek ; il y a environ cinq ans de cela. C’était en automne ; un convoi de vivres nous arriva. Avec le convoi se trouvait un officier ; c’était un jeune homme de vingt-cinq ans. Il se présenta à moi en uniforme et me déclara qu’il avait l’ordre de rester avec moi dans la forteresse. Il était si mince, si blanc et portait un uniforme si neuf que je devinai facilement qu’il était depuis peu au Caucase.

— Sans doute, lui dis-je, on vous a envoyé ici de la Russie ?

— Précisément Monsieur le capitaine, me répondit-il.

— Je lui pris alors la main et lui dis : Je suis heureux, très heureux de vous voir parmi nous. Vous vous ennuierez un peu, mais nous vivrons en véritables amis. Je vous en prie, dès ce jour, appelez-moi simplement Maxime Maximitch. Pourquoi cet uniforme ? venez toujours chez moi en casquette. Je lui fis désigner un appartement et il s’établit dans la forteresse.

— Et comment l’appelait-on ? demandai-je à Maxime Maximitch :

— Il se nommait Grégoire-Alexandrovitch