Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/66

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autres lieux bien aimés de notre patrie, était encombrée par les neiges.

« Voilà le Christovoï ! » me dit le capitaine, lorsque nous arrivâmes dans la vallée de Tchertow, en me montrant la colline couverte d’un manteau blanc.

À son sommet on apercevait une arête rocheuse, et tout près un sentier à peine visible, sur lequel on passe, lorsque la neige a couvert les alentours.

Nos conducteurs déclarèrent qu’il n’y avait pas encore eu d’avalanche, et s’efforçant de maintenir les chevaux, suivaient les replis du sentier. À un détour, nous rencontrâmes cinq Circassiens. Ils nous offrirent leurs services, s’attachèrent aux roues, et en criant se mirent à pousser et à soutenir nos voitures. Réellement le chemin était dangereux. À droite, se dressaient sur nos têtes des monceaux de neige, prêts à fondre dans les défilés au premier coup de vent ; l’étroit sentier était par bonheur couvert de neige ; dans certains endroits elle s’écroulait sous nos pieds, dans d’autres elle s’était congelée sous l’influence des rayons du soleil et de la fraîcheur des nuits, si bien que nous-