Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/8

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le manque de ces institutions libérales, si nécessaires au mouvement intellectuel d’une nation ; mais la Russie marche dans cette voie d’un pas ferme et certain. L’abolition du servage, œuvre éminemment chrétienne et digne du XIXe siècle, n’a été que le prélude d’une grande révolution sociale, qui s’accomplit lentement et fatalement, malgré les excès de quelques fanatiques impatients d’arriver au but. Leurs violences appellent les violences du Pouvoir et ne font qu’éloigner pour ce peuple, le moment où il pourra jouir des avantages sérieux d’une liberté progressive, modérée par l’ordre, mais toujours amie du perfectionnement social.

Parmi les écrivains nombreux qui ont illustré la littérature russe pendant la première moitié de notre siècle, un surtout est particulièrement sympathique, autant par l’élévation que par la précocité de son génie, et cette sorte de fatalité dont sa vie si courte est empreinte.

C’est Lermontoff, né en 1814, mort à la suite d’un duel en 1841. Coïncidence étrange et douloureuse, que deux des plus grands poètes de la