Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/114

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hésitant ; mais il n’y était pas et je ne l’ai pas attendu.

Je le compris… Le pauvre vieillard, pour la première fois de sa vie, avait retardé une affaire de service pour ses intérêts personnels comme on dit en termes de métier, et voilà comment il en était récompensé ?

— Je regrette, lui dis-je, je regrette beaucoup qu’il faille nous séparer avant la fin du voyage.

— Ah bah ! nous sommes, nous, de vieux incivilisés qui ne pouvons aller de pair avec vous. Vous êtes des jeunes gens du monde, fiers, et cependant sous les balles vous marchez à nos côtés ; mais ensuite lorsque nous vous rencontrons, vous rougissez de tendre la main à vos compagnons d’armes.

— Je ne mérite pas ces reproches, Maxime !

— Vous savez bien que ce n’est qu’une manière de parler ; mais du reste je vous souhaite toute espèce de bonheur et un bon voyage !

Nous nous séparâmes assez sèchement. Le bon Maxime était redevenu le capitaine entêté et querelleur ; et pourquoi ? parce que Petchorin, par distraction ou pour tout autre motif, ne lui