Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/248

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s’est élancée à toute vitesse dans le chemin étroit et dangereux.

Cela s’est fait si vite qu’à peine si j’ai pu l’atteindre au moment où elle rejoignait le reste de la compagnie. Jusqu’à la maison elle n’a fait que rire et parler. Dans ses mouvements, il y avait quelque chose de fébrile. Elle ne m’a pas regardé une seule fois. Tout le monde a remarqué cette gaîté extraordinaire et la princesse-mère était radieuse en voyant sa fille. Sa fille avait tout simplement une attaque de nerfs. Elle passera la nuit sans dormir et à pleurer ! Cette pensée me procure une immense jouissance. Il y a des moments où je comprends le Vampire ! et je passe cependant pour un brave garçon ; à la vérité je mérite bien ce titre.

En descendant de cheval, les dames sont allées chez la princesse. J’étais agité et je suis allé galoper dans la montagne afin de dissiper les pensées qui foisonnaient dans ma tête. La soirée était humide de rosée et on respirait une fraîcheur enivrante. La lune s’est levée derrière les sommets obscurs ; à chaque pas, mon cheval faisait résonner ses fers dans le silence du défilé, J’ai mené mon cheval boire à la cascade ; il a