Sans M. le Maire qui continua d’affirmer que, les soirs de crime, elle travaillait chez lui, elle eût été impliquée dans les poursuites. On la laissa en liberté, par pitié pour la vieille Barbe.
Et les Trois Frères, sans plus d’incidents, furent condamnés à mort !…
Mais ils n’étaient pas encore exécutés !…
M. de Meyrentin, lui, resta persuadé de l’existence de Bilbao et si nous sommes curieux de connaître toute sa pensée, nous allons rejoindre l’honorable magistrat à Saint-Martin-des-Bois même, dans cette petite hutte de cantonnier pratiquée dans le talus de la route qui longe les derrières de la propriété Coriolis.
Il est là depuis la nuit dernière, caché, guettant tout simplement la rentrée au logis de Monsieur Noël !!!…
Si, au procès, M. de Meyrentin n’a pas pris sur lui de contredire trop ouvertement M. le Procureur sur la question du complice, c’est qu’alors cette question était loin, pour lui, d’être résolue.
Aujourd’hui elle l’est !… du moins le pense-t-il.
Elle l’est grâce à sa patience ! Que de nuits passées dans la petite hutte de cantonnier, l’œil tantôt sur la masure des Vautrin, et tantôt sur la demeure de Coriolis, pendant qu’il se répétait : « Poitou d’Orient, c’est du rouget ! » ce qui signifie dans le plus pur argot : « Ce n’est pas de l’or ! c’est du cuivre ! » phrase qui correspondait si étrangement aux préoccupations de M. de Meyrentin quand Patrice était venu la lui redire. Ne venait-on pas, en effet, de voler à M. le juge d’instruction une montre non dénuée de tout alliage ?
Comme on comprenait maintenant la fuite de Zoé avec la chaussette dans laquelle elle avait caché la montre !