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BALAOO

Coriolis fit un pas vers Balaoo. Celui-ci se prit à trembler de tous ses membres. Madeleine s’interposa avec sa douce voix, avec son doux visage suppliant. Elle avait compris la honte de Balaoo. Elle voulait lui éviter le déshonneur. Il avait des larmes dans les yeux. Ah ! celle-là ! il l’aimait ! il l’aimait ! il l’aimait ! comme il l’aimait !…

Mais le docteur ordonna :

— Je veux qu’il se retourne !

Alors, la douce voix dit :

— Retourne-toi, mon petit Balaoo.

Ah ! mon petit Balaoo ! Elle pouvait faire de lui tout ce qu’elle voulait quand elle oubliait son nom de la race homme pour lui donner celui qu’il tenait de son père et de sa mère de la forêt de Bandang… Balaoo !…

Balaoo enfonça les ongles de ses pieds dans le cuir de ses bottes et se retourna :

Aussitôt, il y eut, dans la pièce, un rire qu’il ne connaissait pas !…

Il fit un demi-tour terrible ! Un homme était là qu’il reconnut tout de suite pour l’avoir rencontré quelquefois dans la rue du village !…

C’était l’ami du petit homme noir qui boitait et que, lui, Balaoo, ne pouvait voir en peinture, l’ami de ce M. Bombarda, qu’il giflait chaque fois que l’occasion s’en présentait. C’était aussi l’ami des gendarmes qui avaient emprisonné les Trois Frères. Est-ce qu’il venait pour l’emprisonner, lui aussi ? Qu’est-ce qu’il faisait là ? C’était la première fois qu’on lui faisait l’honneur de lui amener un étranger chez lui ! C’était la première fois qu’il recevait un hôte sous son toit ! qu’on daignait lui présenter dans ses appartements un de la Race ! Par Patti Palangkaing ! par son Roi, par son Dieu ! L’Homme