— Et surtout, ne me touchez pas ! ajouta-t-elle précipitamment. Mes frères ont dit que, si on me touchait, ils tueraient le docteur Honorat d’abord et qu’ils mettraient le feu à Saint-Martin ensuite (Grosses rumeurs que fait taire, d’un geste, M. le Préfet).
— On ne te touchera pas, mon enfant, promit avec une douceur soudaine Mathieu Delafosse, mais tu vas nous dire où est le docteur Honorat.
— Il est avec mes frères.
— Et tes frères, où sont-ils ?
— Avec le docteur Honorat, répliqua la petite, en se mouchant sur un coin de la robe de l’Impératrice.
Le Maire s’avança à son tour.
— Zoé, dit-il, je te promets qu’on ne te fera pas de mal, et tu vas rentrer tranquillement dans la forêt où t’attendent tes frères, et tu leur diras qu’ils n’ont rien à gagner à se conduire comme ils le font.
Zoé toussa, les doigts à la bouche, et puis demanda :
— C’est-y ça, vot’réponse ?
— Nous leur répondons qu’il faut qu’ils se rendent et que le Président de la République verra après ce qui lui reste à faire ! S’ils sont raisonnables et ne font pas de mal au docteur Honorat, ils pourraient peut-être bien ne pas s’en repentir… Dis-leur cela !
— Moi, je veux bien, fit Zoé, en hochant la tête, mais tout ça, ça n’est pas des réponses…
— Rapporte-leur ça tout de même et tu verras que ça les fera réfléchir s’ils sont intelligents, dit le Maire… Va donc ! Comment se porte-t-il, le docteur Honorat ?
— Eh bien ! il va bien !…
— Qu’est-ce qu’il dit ?…
— Il ne dit rien !