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BALAOO

poussée, et Roubion, un revolver au poing, apparaissait.

— Avez-vous entendu ? fit-il, dans un souffle.

— Oui.

Roubion était un grand gaillard taillé, comme sa femme, en colosse. Il tremblait comme une feuille. Tous trois restèrent un instant debout, derrière la porte de la rue, penchés sur le silence de la nuit villageoise que rien ne venait plus troubler.

— Nous nous sommes peut-être trompés ! émit Roubion dans un soupir et après beaucoup d’hésitation. Blondel, qui avait reconquis tout son sang-froid, secoua la tête, négativement.

— On verra bien !… fit-il.

— Quoi ?… Vous n’allez pas ouvrir, peut-être ! protesta l’aubergiste.

Blondel ne répondit pas et s’en fut tisonner l’âtre qui rendit quelque éclat. La nuit n’était pas chaude, bien qu’on fût au commencement de la belle saison. Tous trois furent bientôt devant la cheminée où Roubion leur fit chauffer du vin dans une casserole.

— Tout de même, fit entendre le commis-voyageur, si on arrivait à les prendre sur le coup, les bandits, c’est une affaire qui en vaudrait la peine !…

— Taisez-vous, Blondel ! ordonna Roubion. Ne vous occupez pas de ça… ça vous porterait malheur !

— Certainement, acquiesça Patrice, ça n’est pas notre affaire !…

— Rappelez-vous Camus et Lombard !… S’ils n’avaient pas ouvert leur porte…

Blondel, qui était en tournée au moment des deux crimes, demanda des détails.