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BALAOO

la veille au soir, avait été sablé à neuf. Enfin, ce qui prouvait bien, dès l’abord, que Lombard ne s’était pas pendu lui-même, c’est qu’à côté de lui ne se trouvaient ni chaise, ni escabeau renversés.

— Oui, oui ! déclara Blondel en hochant la tête, les misérables ont plus d’un tour dans leur sac !… Et pour Camus ?

— Même histoire. Lui aussi entendit au milieu de la nuit des gémissements et reconnut la voix de Zoé. Camus était l’ami de Lombard ; tous deux étaient les seuls boiteux de la commune, ce qui les avait rapprochés. Il crut l’occasion bonne de découvrir l’assassin du barbier et de venger celui-ci. Il s’arma et ouvrit sa porte, et, comme l’autre, il ne vit rien, il n’entendit plus rien.

Mais, la porte refermée, il ne se coucha pas. Prudent, il alluma toutes les lampes de son magasin, et, le revolver à sa portée, se mit à la caisse où il entama des travaux de comptabilité. Sur quoi, il avait ordonné à son petit commis, l’enfant que vous connaissez, de s’aller coucher. Or, au matin, en rentrant dans le magasin, le commis poussait un cri déchirant. Son maître était pendu à la tige de fer qui soutient au plafond le mètre avec lequel il mesurait le drap aux clients ! Le revolver était toujours sur la caisse. On n’avait pas touché à la caisse. La gorge de Camus portait les mêmes terribles marques de strangulation qu’on avait relevées sur Lombard. Et, dans la demeure du tailleur comme chez le barbier, il fut impossible de découvrir aucune trace de pas, aucune empreinte permettant une explication plausible de la marche du crime… On a dit et l’on dit encore : les Vautrin !… les Vautrin !… Eh bien ! ce sont eux qui ont amené la petite Zoé au juge d’instruc-