danger qui le menaçât. Il cachait sa honte sous son intransigeante fierté.
Enfin, depuis deux mois surtout, il lui semblait bien qu’on lui mesurait le temps qu’il pouvait passer auprès de Madeleine.
Quand il n’était pas avec Coriolis, qui était son maître, avec Gertrude qui était sa domestique, avec Zoé, qui était sa petite esclave, il était tout seul… tout seul avec la pensée de Madeleine et de sa honte à lui.
Les nuits sont terribles à passer. Une fois qu’il avait trouvé quelque consolation dans la société des grands fauves de la ménagerie et que, Gabriel, débarqué depuis peu derrière les grilles de la civilisation, avait prêté une attention des plus flatteuses à tout ce qu’avait raconté Balaoo, la pensée était venue à celui-ci de se faire un camarade du chimpanzé. Avec lui, il s’entendait bien, il avait beaucoup moins de mal qu’avec les autres à traduire ce qu’il appelait sa pensée d’homme en langage de bête. Ils avaient des tournures de phrases communes, des idiotismes communs qui les ravissaient et sentaient leur forêt de Bandang d’une lieu. Java, mère mystérieuse et farouche, avait coulé le même sang dans leurs veines.
Balaoo tenait toujours Gabriel par la main. Gabriel était le plus docile des amis, sortant quand on venait le chercher et ne faisant point de difficultés pour rentrer quand on le ramenait. Car Gabriel se rendait bien compte qu’il ne pouvait rien, chez les hommes, sans Balaoo. Et Balaoo ne voulait pas avoir d’ennui à cause de Gabriel. C’était bien entendu. Tourôô ! Ils glissèrent ainsi jusqu’à la demeure abandonnée aux papillons morts. Souvent tous deux avaient passé là des heures à bavarder, sûrs de