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BALAOO

Balaoo, la suivant des yeux.

Goek ! (va-t’en). Elle sent la bosse de bison !

Mais la vue de ces femmes effrontées et qui sentent si fort le ramènent par une fatale antithèse à la pensée d’une jeune femme d’hommes qui sent comme le printemps quand les violettes poussent entre les racines moussues du grand hêtre de Pierrefeu. C’est en vain qu’il a essayé de se distraire avec les cacaouettes, le chien mort et tous les incidents créés par l’inexpérience et la charmante naïveté de Gabriel, au long du chemin ; la triste pensée anxieuse de la jeune femme d’homme lui cuit le cœur sournoisement, comme lui brûle l’estomac quand il vide à lui tout seul un pot de cornichons.

Gabriel, (qui a fini de manger les bananes, l’ananas et les cure-dents.)

Il n’y a plus rien à manger ?

Balaoo.

Je suis décidé à faire la noce. Je t’offre un saladier de riz au champagne ! Je l’attends (Au sommelier qui vient aux ordres). Champagne ! de la tisane de Champagne ! (montrant Gabriel) à cause du petit !…

Gabriel, (qui mange les allumettes)

C’est bon le champagne ?

Balaoo, lugubre.

Ça pique dans le nez et ça fait marcher de travers.

Gabriel, (qui a fini les allumettes et qui maintenant mange la boîte)

Comme tu me dis tout cela tristement, Balaoo !