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BALAOO

Et quand le garçon fut parti, le père et la fille se regardèrent avec une inquiétude qui troubla singulièrement Patrice :

— Qu’est-ce qui a bien pu se passer en notre absence ? pensait Gertrude tout haut… ; pour qu’elle soit venue, il faut qu’elle ait des raisons !

Et Zoé fit son entrée. Elle était nu-tête, les cheveux dénoués qu’elle essayait en vain de rattraper, de ressaisir d’un geste de torsade fébrile. Son visage exprimait l’angoisse la plus intense, ses yeux cernés disaient une grande douleur, et les coins de sa bouche tremblaient.

— Qu’y a-t-il ? Mon Dieu ? demandèrent, d’un même cri, Coriolis, Madeleine et Gertrude.

— Il y a qu’il vous cherche !…

— Hein !…

— Il y a qu’il s’est échappé !… Il sait tout !… Il s’est enfui comme un forcené !… Prenez garde !… Il est capable de tout !

Et Zoé se laissa aller, épuisée, haletante, sur les genoux de Gertrude. — Mais qui, qui ? hurlait Patrice, ne comprenant rien à l’épouvante de tous ceux qui l’entouraient.

— Qui ? Noël !… veux-tu le savoir ! Noël ! clamait Coriolis qui se tenait la tête à deux mains comme s’il craignait qu’elle lui échappât.

— Mais il va peut-être arriver ici, conseillait Gertrude. Fuyons !

— Mais où, papa ?… où fuir ? gémissait Madeleine… il vaut mieux ne pas descendre dans la rue s’il est sur notre piste.

— Il a perdu la piste ! souffla Zoé qui étouffait, mais qui n’osait demander à Gertrude de la délacer devant Patrice.