Madeleine ne put s’empêcher de se retourner. Patrice ne s’était pas trompé. Elle reconnut Balaoo. Celui-ci avait baissé brusquement la tête dès qu’il s’était aperçu que Madeleine le regardait. « N’aie pas peur, dit-elle, à son mari, il est déjà dompté. Son coup de brutalité est passé, il baisse déjà la tête, il n’ose plus me regarder. »
Patrice, qui était devenu extrêmement pâle, dit :
— Si je tremble, c’est du désir d’en finir d’un coup avec cet horrible personnage.
— Tais-toi, mon ami, et passe-moi la carte.
— S’il vient, je sais ce qu’il me reste à faire.
— S’il vient, tu le laisseras venir, déclara Madeleine d’un ton sec et qui déplut singulièrement au jeune homme.
— Un bon coup de revolver dans l’oreille le ferait se tenir tranquille tout comme un autre !
— Patrice, si tu m’aimes, tu vas m’obéir… D’abord, laisse ton revolver dans ta poche.
— Ensuite ?
— Ensuite, quand le service sera terminé, tu t’en iras avec les autres voyageurs et tu me laisseras seule ici avec Balaoo…
— Cela ! Jamais !
— Ah ! s’exclame Madeleine, inquiète… Il se lève, il va s’en aller, il va nous échapper… Tu vois bien qu’il a peur. Suivons-le. Il faut lui parler, coûte que coûte… Il faut savoir ce qu’il veut !…
— Oui, répète Patrice, savoir… savoir ce qu’il veut… nous ne pouvons pas continuer ce voyage avec cette chose autour de nous.
Ils s’étaient levés. Patrice voulut passer devant Madeleine, mais celle-ci le repoussa derrière elle assez brutale-