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BALAOO

tillant rentra de sa course. Il était dans un extraordinaire état de rage.

Ses poings dressés menaçaient on ne savait qui et il parlait si vite qu’on ne comprenait rien à ce qu’il disait. On crut entendre qu’il avait reçu une gifle !

— Une gifle ! interrogea Meyrentin stupéfait.

— Oui ! une gifle !

Et le greffier avait une si drôle de figure en disant cela que Mlle  Madeleine ne put se retenir de sourire et la vieille Gertrude d’éclater.

— Il n’y a pas de quoi rire ! déclara mal gracieux le greffier ! Une vraie gifle à moi ! à moi. Mais ça ne se passera pas comme ça !

— Voyons ! voyons, monsieur Bombarda (le greffier s’appelait M. Bombarda), dites-nous d’abord comme cela s’est passé ?

M. Bombarda se frotta la joue, regarda Gertrude avec fureur et dit :

— Je revenais de la poste et j’allais quitter la rue Neuve pour prendre la route. Je marchais le plus vite que je pouvais et je frôlai en passant, oh ! très légèrement, un individu qui remontait devant moi et qui semblait vouloir retenir le trottoir pour lui tout seul. Je le touchai à peine, je murmurai une excuse, et je continuai mon chemin… quand, pan ! je reçus une gifle !… Mais une gifle !… monsieur le Juge d’instruction… une gifle qui m’a collé contre le mur… J’en ai vu trente-six chandelles et je m’apprêtais à me jeter sur mon agresseur, quand je m’aperçus qu’il avait disparu comme si la terre s’était ouverte sous ses pieds !… Par où était-il passé ?… Je le cherchais !… Je criais !… je le menaçais. Bien sûr, il ne s’est pas montré, car je lui