Marie-Jeanne avait deux petits garçons avec lesquels Confitou jouait quelquefois. Confitou aimait venir à la ferme où il buvait du lait tout chaud dans un bol qu’il tenait lui-même sous le pis de la vache pendant que Marie-Jeanne s’occupait de la traire. Ah ! ce qu’il revenait de là barbouillé !… Mais le grand jour était celui où, sur son désir, on le conduisait à la ferme pour voir la batteuse mécanique.
C’était, chaque année, une vraie fête, qui réunissait autour de Marie-Jeanne une quarantaine de paysans des environs, venus pour l’aider abattre son blé. Elle en avait tout juste pour son usage personnel jusqu’à la Noël, ce qui n’était guère, mais, du coup, elle avait de la paille pour toute l’année, de la bonne litière pour ses deux vaches, sa génisse ou son veau. Ces détails n’avaient jamais beaucoup impressionné Confitou, mais ce qui l’avait toujours intéressé, c’était la ripaille champêtre qui accompagnait et suivait le travail.
D’abord, toutes les heures, la mécanique s’arrêtait pour permettre aux paysans de casser une croûte et boire un coup à la santé de la fermière qui passait dans les groupes avec les bouteilles qu’elle venait de remplir ; et puis, quand tout le blé était battu, tout ce