poussière ; ils paraissaient très fatigués, avaient dû accomplir mainte et mainte marche forcée ; ils ne chantaient pas comme à leur ordinaire en traversant les villes ; ils avaient des figures de fauves.
« Comme ils ont l’air méchant », pensa Confitou. Il ne le dit point à l’oncle Moritz. Confitou trouvait qu’il y en avait beaucoup, beaucoup trop. Et, soudain, il s’assombrit en voyant passer des machines étranges, des fourgons bizarres, enveloppés de bâches d’où s’échappait quelquefois une gueule énorme qui semblait demander de l’air comme si elle étouffait sous la carapace dont on l’avait recouverte ; puis il y eut des batteries de poms-poms (l’oncle Moritz expliquait que c’était des canons à tir très rapide), puis beaucoup de mitrailleuses à fûts grêles, pareilles à de gigantesques araignées. Confitou commençait à être littéralement épouvanté. Il n’avait pas vu « toutes ces histoires-là, » quand les Français étaient passés. Il finit par demander à l’oncle Moritz :
— Et nous, est-ce que nous avons de tout ça ?
— Nein ! Nein ! répondit l’oncle en secouant la tête ; vous, vous avez la baïonnette !… : Et l’oncle Moritz et le cousin Fritz se mirent à rire bruyamment.