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CONFITOU

petite âme pétrie par Freda, selon sa mode ? Quelle misère ! Confitou passait la plus grande partie de ses vacances en Allemagne, choyé par des parents allemands qui l’adoraient, le gâtaient ; il retournait toujours là-bas avec joie, il en revenait avec ennui.

Confitou n’avait en France ni oncle, comme l’oncle Moritz qui lui passait tous ses caprices, et lui faisait boire de la bière, ni tante, comme la tante Lisé, qui lui mettait de la confiture dans tous ses plats.

Raucoux-Desmares se retourna, s’appuya contre le mur ; il était horriblement pâle ; Confitou ne devait pas seulement aimer les confitures, il devait aimer aussi les Allemands !

Soudain l’homme quitta le mur. Il s’avançait vers le billard qui étendait devant lui son tapis vert. Comme sur une plaine de là-bas, de petites constructions de la Forêt-Noire, achetées à Baden-Baden (Confitou avait surtout des jouets allemands), se dressaient, s’alignaient, formant un village enfantin… et… autour de ce village, courant à l’assaut, des petits soldats de bois… et ces petits soldats, Raucoux-Desmares les connaissait bien, c’étaient des soldats allemands… Seulement… seulement le village était défendu contre les soldats de bois par des