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CONFITOU

une chose abjecte, car l’oncle Moritz avait sa fierté. Il voulait bien voler, mais il ne voulait pas qu’on le traitât de lâche…

— Trouve donc un moyen de les sauver, toi ! lui jeta-t-il.

Elle dressa contre lui sa figure de cire et ses yeux de flamme :

— Viens donc, dit-elle, et elle l’entraîna loin des oreilles de Fritz, Mais, au moment de parler, elle fut prise d’un tel tremblement qu’elle ne put tout d’abord prononcer un mot.

Elle claquait des dents. L’autre la pressait. Il crut qu’elle allait s’évanouir sans avoir parlé. Tout à coup, il y eut un tel déchirement de l’atmosphère sous l’artillerie toute proche, que la maison en fut secouée de la base au faîte. Une fenêtre s’était ouverte toute seule. L’horrible tumulte de la Déroute pénétra, d’une vague brusque, dans le salon et les enveloppa de sa clameur innombrable. Fritz cria :

— C’est nos Saxons qui aiment mieux se faire massacrer que de se rendre !

Alors, la figure de cire parla, Moritz ne reconnaissait plus la voix de sa sœur.

— Pourquoi ne passez-vous pas par la carrière du Bois-Renaud ? disait la voix. Si les Welches ont passé la rivière à la vallée, et