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CONFITOU
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d’abord prétendu à le suivre dans sa haute cogitation qui embrassait l’humanité entière ; mais elle n’avait fait que le signe de monter ; elle était restée en bas, en Allemagne !

Toutes les histoires qui « la ravissaient » étaient des histoires d’Allemagne qu’elle répétait, sans se lasser jamais, à Confitou ; son esprit et son cœur, pleins, il est vrai, de Raucoux-Desmares, avaient continué d’habiter en Allemagne, avec ses souvenirs de jeunesse, avec les images vivantes de ses compagnes, de ses amis et de ses parents qu’elle évoquait à tout propos, et qu’elle faisait presque tous les jours asseoir à la table internationale de son mari, au dessert. Le professeur pensait que certaines de ces images-là, lors de la déclaration de guerre, avaient dû se lever, courir chercher un fusil à Dresde ou ailleurs, pour se retrouver ensuite à la frontière française. Freda avait un frère, un oncle, une douzaine de cousins et tous ses amis de Dresde et de Kœnigsberg dans les rangs des ennemis de Raucoux-Desmares !

Pouvait-elle l’avoir oublié ?

Pouvait-elle n’avoir point souffert des premières victoires françaises ? C’est là que Raucoux-Desmares s’arrêtait :