Page:Leroux - Confitou.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

76
CONFITOU

Gustave était parti pour le front. La boutique et l’échoppe avaient été fermées et Gustave était devenu garçon de café. À lui tout seul, il remplaçait Auguste et Victor, l’équipe des garçons de la « Terrasse », qui, eux aussi, étaient partis pour la guerre. Maintenant Gustave était magnifique. D’abord on l’avait débarbouillé. Ensuite, sa grand’mère le frisait tous les matins au petit fer pour qu’il eût, sur le front, des boucles retombantes comme en ont, dans les grands cafés de province, les garçons de café. Enfin, comme disait Confitou il était « en habit » toute la journée.

Au fait, il n’était qu’en smoking, si l’on peut s’exprimer ainsi en parlant d’un veston de première communion. Le gilet ouvert laissait voir un plastron volant en pointe qui ne parvenait point à cacher tout à fait la chemise de flanelle grise. Ce plastron était fermé comme une vraie chemise par deux petits boutons en os ; Gustave avait une petite cravate noire très étroite nouée, en forme d’X, sous son menton. Jusque-là, il était habillé comme un homme du monde. À partir de la ceinture, il était vêtu comme un garçon de café, c’est-à-dire qu’il avait un long tablier blanc qui lui descendait sur les souliers, qui l’enveloppait sur les