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Page:Leroux - De l'humanité, de son principe, et de son avenir, Tome 1, 1860.djvu/152

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l’humanité que l’esprit, c’est-à-dire la raison ou la connaissance ! Gassendi n’était-il pas là providentiellement, en même temps que Descartes, pour opposer la chair à l’esprit, et pour réclamer en faveur de la sensation ? et si Locke, reproduisant Gassendi avec plus d’étude, mais aussi avec moins de largeur, est arrivé à être, en sens contraire de Descartes, aussi exclusif que lui, et à ne plus voir dans l’homme ainsi abstrait de l’humanité que la sensation, Leibnitz n’était-il pas là providentiellement, en même temps que Locke, pour opposer à la formule : nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu, sa célèbre et invincible réserve : nisi ipse intellectus. ainsi voilà déjà deux caractères que l’isolement où les philosophes ont placé l’homme, pour arriver à le connaître, n’a pu faire perdre à l’homme. Mais le même Leibnitz, grand parmi les plus grands, n’avait-il pas aussi aperçu un troisième caractère de l’homme, ou de l’esprit humain, inséparable des deux autres ; et sa formule psychologique de la sensation, de l’aperception, et de la notion dans tout phénomène de la vie, n’est-elle pas le germe que nous n’avons eu, dans ces derniers temps, qu’à développer, pour remettre en lumière, comme dernier résultat de toute la psychologie moderne, l’antique formule de la trinité de l’âme humaine ?