Page:Leroux - De l'humanité, de son principe, et de son avenir, Tome 1, 1860.djvu/292

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je tire de la considération même de l’homme, et j’irai au but que je me propose avec le seul appui de la conscience intime qui nous fait sentir l’humanité en nous. Je me bornerai donc sur la théodicée à une seule remarque. Quoi ! Chaque homme est un homme et l’humanité ; chacun de nous porte lui-même et l’humanité : et l’on supposerait que ces hommes qui renferment chacun virtuellement un immense développement humain, que ces hommes qui virtuellement contiennent toute la connaissance, tout le sentiment, et toute la puissance active, dont l’humanité est capable, ne feraient que passer dans l’humanité, sans suite et sans retour ! Ainsi Dieu aurait créé et créerait continuellement une multitude d’êtres, auxquels il donnerait une virtualité infinie, et pourtant spécifique, et dont il arrêterait promptement par la mort ou par l’exil le développement ! Et pourquoi créerait-il ces êtres, ainsi détruits dans leur virtualité presque après être nés ? Pour en créer d’autres qu’il détruirait également, et toujours ainsi. Vraiment, cette supposition nous semble aussi contraire aux idées que nous pouvons nous faire de la souveraine raison de Dieu que de sa justice. Les philosophes modernes ont souvent parlé de la simplicité des lois de la nature ; ils ont cherché dans cette simplicité un critérium de certitude pour tous les