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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/102

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

prononcer en se levant de table et en offrant son bras à M. de la Mérinière.

— Et quoi donc, madame, serait schoking ?

— De nous laisser battre encore cette année, après tous les efforts que nous avons faits pour le coursing ! Mais Bob et Taf sont dans d’excellentes conditions, je vous assure !… »

Au salon, tendant une tasse de café à Jacques, elle se disait : « Voilà un pauvre petit tchéri que j’ai cru assassin tout l’après-midi… Ce soir, je ne le crois plus ! Non ! »

« Comment va, darling ?

— Très bien, Fanny… qu’avez-vous vu à Paris ?

— Oh ! personne… je suis passée rue de Rivoli pour une commission… j’ai vu Gordas et je suis revenue tout de suite.

— Vous n’êtes pas allée prendre le thé au Fritz ?

— Ma foi non, cher.

— Et où avez-vous pris le thé ?

— Mais je n’ai pas pris de thé.

— Fanny, je ne vous reconnais plus. »

Elle le quitta, car elle se sentait rougir jusqu’à ses cheveux rouges… Est-ce qu’il se serait douté de son émotion… « Non, certes, le petit tchéri ne peut se douter de rien, s’il est innocent !… Et il l’est !… C’est moi, la coupable ! » car enfin, comment cette idée de son mari assassin s’était-elle aussi vite et aussi nettement présentée à sa conception ?… C’est que, peut-être, cette idée était déjà là, tout au fond de l’adorable Fanny… non point l’idée précise