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LA CLEF DE LA CAVE
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au-dessus de la commode, dans le boudoir… Est-ce qu’elle va entendre ainsi sonner toutes les heures ?… Eh bien ! Elle sera fraîche au moment de se lever !… et cela parce qu’en pensant à cet éternel panier de manchons Héron, elle s’était fait tout à coup cette réflexion : « Était-il naturel que Jacques, dans le bouleversement invraisemblable qu’amenait, dans leur existence, l’extraordinaire départ d’André, eût songé à cette besogne infime du contremaître : aller prendre livraison, quand tout le monde dort encore, d’un panier de manchons refusé par la clientèle ?… » Est-ce que les camions automobiles qui faisaient le service de Héron à Paris et vice versa n’étaient pas là pour cela ? Et ce matin-là, lui, ne devait-il point n’avoir d’autre hâte que celle de venir la retrouver, elle ?… Mon Dieu ! comme toutes ces déductions lui font mal à la tête… La demie de quatre heures… Autre grave et importante pensée : elle songe que, depuis leur départ on n’use plus du garage particulier de Héron, du garage dans lequel débouche l’escalier de la cave…

Jacques y a fait transporter des caisses pleines d’objets à eux, des meubles qui ne servent plus, de vieilles choses démodées qui encombraient certains coins de la Roseraie. Ce n’est plus qu’un débarras, dont, ma foi, nul autre que lui n’a réouvert la porte… Non, certainement, nul autre que lui… deux ou trois fois l’an, quand il se rend à la cave, pour revenir avec le panier du cru de Bourgogne, dans la petite charrette anglaise… Et alors il rap-