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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/109

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LA CLEF DE LA CAVE
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cette idée que la vie humaine — surtout la vie des autres — n’a qu’une valeur bien relative… Cependant — et cela devait la rassurer — si son Jacques dans ce temps-là a pu se montrer, par raison, et pour faire des exemples, un peu cruel envers de misérables coolies, il n’en est pas moins un gentleman qui, rentré dans la vie civilisée, est incapable certainement d’oublier l’importance d’une existence aussi considérable que celle d’un frère aîné, même quand cette existence est gênante…

Six heures… la châtelaine se lève… Elle est hésitante…

Dans la lueur rose de la veilleuse, elle se regarde passer, timidement, si timidement, devant la grande psyché… Elle est vraiment charmante, Fanny, dans son déshabillé en mousseline de soie brodé qu’elle vient de passer à la hâte… et sous son bonichon de dentelle… Les fantômes qui se promènent cette nuit dans les couloirs du château de la Roseraie ne feraient point fuir tout le monde… Celui-ci glisse, avec une légèreté bien gracieuse, sur ses mules de satin… Il traverse le boudoir, le cabinet de toilette, la salle de bain, ouvre tout doucement une porte, celle du cabinet de toilette de Jacques…

À la première lueur de l’aurore, là, sur une étagère, la première chose que Fanny aperçoit à côté du porte-cigarettes, du briquet et de la montre, c’est le trousseau de clefs…

Elle reconnaît la clef de la cave parmi toutes les autres… Elle l’a eu si longtemps à sa disposition, là-bas, à Héron. Elle est là