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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

disparut d’une façon si singulière, il y a cinq ans, abandonnant ses enfants, le château de la Roseraie, son appartement à Paris et l’exploitation de sa manufacture de manchons Héron, près de la forêt de Sénart.

« La justice, vous devez vous en souvenir, essaya en vain de déchiffrer cette énigme ; elle y renonça. Mais il faudra bien qu’elle se remette à la tâche, car la vérité, un de ces quatre matins, finira bien par éclater : M. André de la Bossière a été assassiné ! »

« Qu’en savez-vous ? » demandèrent aussitôt les reporters qui ne perdaient pas une parole de Mlle Hélier et prenaient d’abondantes notes, avec le sourire.

« C’est M. de la Bossière lui-même qui est apparu à la jeune femme du notaire de Juvisy, M. Saint-Firmin, pour le lui dire !

— Pour lui dire qu’il avait été assassiné !

— Mais oui !

— Pas possible !… »

Et comme, à cette déclaration étrange, il y eut quelques murmures accompagnés de plaisanteries de mauvais goût, des « chuts » énergiques rétablirent le silence.

Alors Mlle Hélier put se lancer, avec une rapidité de parole extravagante, dans ses histoires de revenants, les seules qui, pour elle, fussent vraiment dignes de retenir l’intérêt de son auditoire.

Elle confia d’abord aux journalistes le rôle important qu’elle avait joué, pendant plusieurs années, au château de la Roseraie, et ne leur épargna aucun des événements fantastiques