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REPRENONS NOS ESPRITS
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ou qui l’évoquaient ou qui y pensaient, et du même coup nous avons été débarrassés du fantôme !…

« Il n’est plus apparu à personne, du moins ici, et ça me suffit !…

« J’ai fait maison nette, monsieur, j’ai fermé ma porte aux esprits malades, et le fantôme nous fiche la paix !… et mon mari achève sa guérison dans le calme !… soigné par un brave praticien de la campagne, qui a l’esprit sain et qui ne lui raconte des histoires que pour le faire rire !… La première fois que mon mari a prétendu, devant lui, qu’il avait été vraiment mort, ce brave homme a tellement ri, mais tellement ri, que mon mari a fini par rire avec lui et que nous en étions tous malades, de rire !… Oui, monsieur !… Et la vision des morts dans la vallée ! rapportée de son voyage chez les morts, par mon mari ! Ce fut le bouquet !… Ce brave docteur s’est écrié : « Ça n’est pas possible, vous n’avez pas inventé ça tout seul ! Ça, c’est de la littéracomédituture !… Vous avez lu ça quelque part !… » Et il a voulu voir la bibliothèque, le bureau ; il a cherché jusque dans la chambre occupée avant l’accident par mon mari et il a fini par découvrir une demi-douzaine d’ouvrages spirites où se trouvaient justement précisées dans un style aussi biblique qu’impressionnant les lubies pseudo-scientifiques des Jaloux, des Moutier, des Crookes, est-ce que je sais, moi ?…

« Oui, mon mari en était arrivé là, sous l’influence des discours extraordinaires du Dr Moutier, à se laisser influencer par des histoires