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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

Fantôme ou hallucination, il allait tout simplement tenter de l’enfermer à jamais entre ces quatre murs !…

André, toujours appuyé au dossier du fauteuil, ne bougeait pas et Jacques ne remuait pas plus que lui…

Jacques faisait semblant de lire un journal qui était sur ses genoux…

Une simple bougie sur la table éclairait doucement cette scène muette…

Et Jacques calculait que, derrière le fantôme, la porte conduisant à la chambre que l’on était en train de nettoyer était fermée ; la clef était restée dans la serrure, mais de l’autre côté, du côté de la chambre… son premier soin, une fois dehors, serait donc d’aller donner un double tour à cette clef-là !… Ce qu’il fallait, c’était sortir si vite par la porte conduisant à l’appartement des enfants que le fantôme, surpris, n’eût point le temps de faire un mouvement…

S’il prenait bien son élan, en deux bonds, Jacques pouvait être dehors… par cette porte restée entr’ouverte… Une fois passé, il la rabattait sur le nez du fantôme ! et comment !… et le peresprit d’André restait enfermé là pour toujours… et ne viendrait plus le tourmenter jamais !…

Tant pis pour la penderie !… Ce serait désormais une pièce condamnée, et tant pis aussi pour les robes de Fanny. Elle s’en commanderait d’autres !…

Tout bien pesé, Jacques pensa que l’entreprise serait facile.