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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/46

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

— Moi ! moi ! moi ! » lui répliqua-t-on en riant, d’un bout à l’autre de la table.

« Mlle Hélier a bien raison de s’étonner, reprit le docteur. Le peresprit est aujourd’hui à la base de toute science psychologique, et la religion elle-même qui en a besoin pour expliquer ses apparitions, se garde bien de le nier. C’est une substance infiniment ténue, intermédiaire entre la matière et l’âme et qui suit l’âme, après la mort, en conservant la forme dernière que lui a conservée la matière. D’où la reconnaissance possible dans certaines conditions d’exaltation magnétique, des morts, par les vivants ! Y êtes-vous ?

— Comme c’est simple ! » s’écria-t-on, en forçant un peu les rires ; mais ces rires se turent tout à coup, car il se passait un petit incident là-bas au bout de la table. La petite Mme Saint-Firmin venait tout simplement de glisser sur le parquet.

On se précipita, on la releva, on voulut la transporter dans une chambre, mais revenue presque aussitôt à elle, elle manifesta avec une étrange énergie la volonté de ne point quitter la salle.

« Mon Dieu ! j’ai eu un petit étourdissement !… N’en parlons plus et excusez-moi !… »

Et elle reprit sa place à table. On était, naturellement, assez ému autour d’elle, et comme le docteur s’empressait :

« Ah ! vous pouvez la soigner, lui lança Fanny… c’est vous qui êtes cause de tout avec vos histoires de trépassés !

— Mais c’est vous qui me les avez deman-