Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

Laissez-la pleurer, cela lui fera du bien !… »

Marthe était en proie, en effet, à une véritable crise de larmes et de sanglots… Quand elle fut un peu calmée, le docteur pria qu’on le laissât seul avec la jeune femme, ce que l’on fit aussitôt. Jacques et Fanny se retrouvèrent en pleine lumière. Fanny s’étonna de la pâleur de son mari.

« Mon Dieu ! vous voilà aussi pâle que Mme Saint-Firmin !

— Oui, cette idée que mon malheureux frère a pu être assassiné m’a complètement bouleversé !…

— Mais vous n’allez pas être aussi stioupide que cette petite… Remettez-vous, darling !… Ah ! quelle histoire ! si j’avais su… Mais vous ne croyez pas aux tables tournantes, petit tchéri.

— Pas plus que vous… et je suis sûr que le docteur ne fait semblant d’y croire que pour se rendre intéressant auprès de sa clientèle féminine… Cependant, quand la table s’est soulevée… et que l’alphabet a annoncé André, je ne vous cache pas que j’en ai eu froid jusque dans les moelles…

— Réchauffez-vous ! réchauffez-vous ! en embrassant votre petite femme, petit tchéri !… »

Il lui baisa la main et ils retournèrent vite aux salons où ils retrouvèrent Saint-Firmin qui s’inquiétait justement de l’absence de sa femme. Fanny lui apprit qu’elle était allée voir dormir les enfants, avec Mlle Hélier, et il se remit à son bridge.

Ce soir-là, quand tous les invités furent par-