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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/66

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

« Elle ne revint pas et j’en conclus que j’avais bien réellement été victime d’une hallucination… Or, écoutez bien !… écoutez bien !… Je ne suis pas folle… l’avant-dernière nuit… l’ombre est venue et elle m’a parlé !…

— Eh ! ma petite ! le docteur nous a mis au courant de cette apparition-là !… On a des hallucinations de l’oreille comme des yeux !…

— Et vous savez ce qu’elle m’a dit, l’ombre avant-hier !…

— Oui, elle vous a dit : « J’ai été assassiné ! » accorda Fanny, pitoyable… le docteur nous a raconté tout cela !…

— Oui, mais André ne m’avait pas dit où il avait été assassiné ; eh bien, il est revenu aujourd’hui pour me le dire !… Voilà… voilà pourquoi je viens vous trouver… ajouta Marthe d’une voix rauque.

— Reprenez un peu de fleur d’oranger, mon enfant, dit Fanny, qui, cette fois, crut Marthe réellement tout à fait folle… et puis, je vous en supplie, ne vous énervez pas comme ça !… Voyons, le docteur nous avait pourtant dit que vous lui aviez promis d’être raisonnable… Malgré cela, je suis sûre que, depuis hier soir, vous n’avez fait que penser à cette sotte apparition…

— Oh ! madame, ne parlez pas ainsi !…

— Est-ce vrai ce que je dis ! est-ce que vous avez dormi, la nuit dernière ?…

— Non, madame !… je ne dors plus !…

— Et vous rêvez tout éveillée, voilà l’histoire !… n’est-ce pas, my darling ?…