Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

grâce à d’ingénieuses combinaisons, à peu près illusoire. De telle sorte, expliquait Jacques, qu’ouvriers et ouvrières travaillaient comme des nègres, soutenus par l’« espérance » : c’était une nouvelle force qu’il avait prise à son service.

Héron n’avait jamais encore connu une pareille ère de prospérité.

Des ateliers, Jacques s’en fut aux bureaux, constata que tout marchait à souhait, et vers onze heures reprit le chemin du château.

« Cet animal de Moutier, tout de même ! » exprima-t-il tout haut en pénétrant dans le parc.

Ainsi, tout le travail du matin n’avait pas chassé de son esprit toutes les histoires abracadabrantes de cet irritable petit bonhomme à lunettes… et ce fut de lui qu’il s’informa aussitôt qu’il eut gravi l’escalier de marbre du perron.

« Le Dr  Moutier est descendu aux cuisines », lui fut-il répondu par un valet de pied.

Jacques ne s’en étonna point, car le mage de la Médecine astrale était incroyablement gourmand et il aimait à faire travailler les cordons bleus suivant ses recettes.

Presque aussitôt, du reste, le bonhomme apparut.

« Ah ! mon cher, s’écria-t-il, vous m’en direz des nouvelles ! Apprenez qu’en ce moment, au fond d’une casserole, une jeune poulette est en train de s’attendrir au contact de cent cinquante grammes de crème, de cent vingt grammes de beurre et de soixante grammes de parmesan râpé.