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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

votre mari m’avaient intrigué… Bref, en vous quittant, mon cher ami, je me suis rendu à la villa du bord de l’eau. On n’a fait aucune difficulté pour me recevoir… la jeune femme était au lit… grelottante de fièvre… et elle avait besoin d’une bonne ordonnance… Le Saint-Firmin a été enchanté d’avoir sa consultation à l’œil. Moyennant quoi j’ai obtenu qu’il s’éloignât et qu’il me laissât seul avec la malade. Elle m’a tout conté… l’histoire de la nuit… le retour du revenant, la fuite au château… Cette fois, je l’ai sondée à fond, cette petite âme bizarre et je lui ai fait avouer ce que je ne faisais que soupçonner, c’est-à-dire qu’elle croyait à l’assassinat d’André par son mari !… Rien que ça ! Elle m’a prié, du reste, de vous le répéter, pour que vous ne l’abandonniez pas, que vous veniez la voir le plus souvent possible, que vous décidiez le Saint-Firmin à la laisser partir. Et elle m’a déclaré (ce qui, mes chers amis, vient tout à fait corroborer mes idées sur l’état d’esprit de la pauvre enfant)… elle m’a déclaré que cela ne l’étonnait pas du tout que le fantôme d’André lui eût raconté qu’il avait été assassiné en automobile, attendu que le lendemain du départ d’André, M. Saint-Firmin avait loué à Juvisy une automobile et qu’il avait été absent toute la journée et qu’il n’avait jamais voulu lui dire où il était allé ce jour-là !… Et elle reste persuadée que Saint-Firmin est allé rejoindre votre frère, l’a proprement occis, et est revenu gratter son papier timbré…

À quoi j’ai répondu à la pauvre enfant, car