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Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/92

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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

avait-elle eu l’occasion de faire connaissance avec quelques employés supérieurs.

Cet après-midi-là elle tomba sur le chef de la comptabilité qui était un des plus anciens de la maison.

« Monsieur Gordas, lui dit-elle, j’ai à vous demander un service.

— À votre entière disposition, madame.

— On doit vous apporter, ce soir, de la rue de la Paix, un paquet pour moi. Voulez-vous veiller à ce que l’un des camions automobiles, avant de retourner à Héron, l’emporte !

— Mais comment donc, madame.

— Et qu’on le soigne, ce paquet, c’est fragile, vous savez !

— Oh ! comptez sur moi. »

Et comme si elle posait la question la plus banale avant de se retirer :

« Ça va toujours les manchons Héron ?

— Ah ! madame, comment pouvez-vous demander cela ?

— Et vous, vous êtes content, vous n’êtes pas trop fatigué ?

— Oh ! madame, ce n’est pas l’ouvrage qui manque, on n’arrête pas depuis le matin, répondit l’employé un peu surpris.

— À quelle heure arrivez-vous donc le matin ?

— Mais à neuf heures !

— Neuf heures, mais c’est une heure raisonnable, cela ! Comment ! Les magasins n’ouvrent pas avant neuf heures !…

— Jamais, madame !

— Jamais ?… Mais enfin mon mari, par