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Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/104

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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

telles. Elle voulait « éclipser » ses compagnes. Bientôt, le gain modeste de Louis-Dominique ne suffit plus à payer les fantaisies de la petite lingère de la rue Portefoin. Alors, Cartouche vola son père.

— Oh ! les femmes ! s’exclama Théophraste en fermant les poings.

— Tu oublies, mon ami, fit observer Adolphe, que tu possèdes, toi, une femme qui ne t’a donné que de la joie et de l’orgueil.

— C’est vrai ! Pardonne-moi, Adolphe, mais tu sais que je m’intéresse aux aventures de l’Enfant, comme si elles étaient les miennes, et je ne puis que regretter de le voir si gravement se compromettre pour une lingère de la rue Portefoin.

— Il vola donc son père et celui-ci ne tarda pas à s’en apercevoir. Le père de Cartouche prit une grande résolution. Il obtint un ordre du roi, qui était une lettre de cachet, par lequel il pouvait faire entrer son fils dans le couvent des lazaristes du faubourg Saint-Denis, maison de correction.

— Voilà bien les parents ! fit Théophraste. Au lieu de combattre par la douceur les mauvais penchants de leurs enfants, ils les désespèrent par des incarcérations funestes où ils ne rencontrent que mauvais exemples et où le sentiment de la révolte fermente, grandit, bouillonne, étouffe tout autre sentiment dans leur âme neuve et primesautière. Je parie que si on n’avait pas mis Louis-Dominique dans une maison de correction, tout cela ne serait pas arrivé !…

— Rassure-toi, Théophraste, Cartouche ne fut pas enfermé au couvent des lazaristes.

— Comment cela ?

— Voici. Son père ne lui avait pas fait part de la découverte qu’il venait de faire de sa rapine. Louis-Domi-